Ah ! Quoi ? Où ? Pourquoi ? Mais de
quoi s'agit-il enfin !
- « De l'hippodrome de
Vincennes, à Paris, dans le douzième, en pleine forêt de Vincennes ».
- « De l'HIPPODROME ???? Mais, les courses sont encore si nombreuses».
C'est vrai, mais le public - lui - déserte de
plus en plus le lieu : En cause, la mise en ligne des courses et des paris.
Comme, c'est triste : ces "nouveaux" turfistes, seuls derrière leurs ordinateurs, n'ont alors de l'ivresse de la course et de son folklore qu'une sensation édulcorée, fade et tronquée.
Comme, c'est triste : ces "nouveaux" turfistes, seuls derrière leurs ordinateurs, n'ont alors de l'ivresse de la course et de son folklore qu'une sensation édulcorée, fade et tronquée.
Comme c'est triste de n'emporter aucun
souvenir d'un décor où se jouera peut être une partie de leur vie.... Ils choisissent ainsi une solitude pour le moins dévastatrice, qui les déshumanisera à termes. De cet isolement, qui dilue et modifie leurs habitudes et leurs
réactions, ne ressortira que de l’inappétence et de l'inadaptation à la vie. Point de partage, point
de monde réel, je parle là de la vraie vie, de celle qui bouge, qui ressent, qui
vibre à l'unisson.
Aaaaaahhhh ! voilà que je sens
comme un murmure d'approbation.
Moi, quand je pense courses, tiercé,
hippodrome, je pense à mon père, turfiste du dimanche : ce petit plaisir
hebdomadaire, il n'hésitait pas à le partager avec l'ensemble de la famille.
Bien fixé dans un coin de ma mémoire – avec tout le cérémonial qui l’accompagnait - là-bas en Lorraine dans les
années 60/70, ce souvenir me chavire toujours.
Dès le vendredi, nous plongions dans
l'univers du trot, des casaques et des toques de couleurs, des chevaux aux noms évocateurs
(Oscar RL, Ozo, Roquepine, etc.).
Là, sur la table de la salle à
manger, le journal s'ouvrait sur la double page des courses, le carnet de paris
blanc et rouge posé juste à côté, indissociable de sa petite pince magique.
Vous savez, celle qui - un jour peut être - devait poinçonner les bons numéros.
En fin stratège, mon père étudiait
tous les paramètres (chevaux, jockeys, entraineurs, terrains...), avant de
valider LE ticket. Le petit café à
deux pas de la poste ne désemplissait pas de commentaires avertis et… de futurs
millionnaires... enfin, à les écouter parler !
Puis arrivait le dénouement du
dimanche, avec un Léon Zitrone, dans les starting-blocks, prêt à chevaucher au
côté des purs sangs tant l'urgence des résultats était indispensable.
La fratrie était devant le petit
écran, en bonne place à attendre les résultats, à s’étonner de voir tant de
monde autour de la piste. Le noir et blanc du téléviseur prenait les couleurs
des casaques finement décrites par le speaker vedette… Oui, nous étions à
l'hippodrome avec tous les spécialistes du trot attelé ou monté.
Le seul petit regret qui me reste de
cette époque, c’est l'absence du moindre million. Point de fortune certes, juste un souvenir ému, mais quel souvenir...
Alors, pourquoi sacrifier une telle magie au
profit d’une pseudo avancée technologique qui éloigne des autres et de la communion des émotions ?
Je milite pour la primauté de l’imagination,
de l’imaginaire contre cette informatique qui vous empêche de regarder l'autre ou l'ailleurs.
Voyez ce bel alezan, cette jument et ce bel étalon, voyez comme ils courent, comme leur port de tête est royal.
Faut-il de la patience, de l’amour et de l’entrainement pour en arriver à cet
hippodrome.
Ce ne sont pas de simples numéros (tiens,
presque la phrase à Patrick Mac Gohaam
dans la série du Prisonnier !).
Ces hommes, ces chevaux, cette piste de plusieurs kilomètres à parcourir, ces quelques minutes de course incarnent à eux seuls un immense défi tant il faut être rapide, c'est une expérience
incroyable, un moment de puissance extrême à peine descriptible, fragile et dangereux à la fois.
Et pour un photographe, captez de tels
moments à la nuit tombée, dans le froid humide, ça donne du bonheur, de l’énergie
et une forme de gaité graduée qui fait oublier la rigueur du début de l’hiver.
La brume est perceptible sur les
clichés mais cela n’altère en rien l’élégance des montures, ni celle des
cavaliers. On reste conquis par ce milieu où résonnent des noms auréolés de lauriers,
dont le marqueur indéniable reste celui d’Yves Saint Martin.
Alors un vrai pari, ça vous
tente ?
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