samedi 10 décembre 2016

TU PARIES

Cela semble incroyable dit comme cela, mais c'est un endroit qui se dépeuple peu à peu.
Ah ! Quoi ? Où ? Pourquoi ? Mais de quoi s'agit-il enfin !

- « De l'hippodrome de Vincennes, à Paris, dans le douzième, en pleine forêt de Vincennes ».
- « De l'HIPPODROME ???? Mais, les courses sont encore si nombreuses».

C'est vrai, mais le public - lui - déserte de plus en plus le lieu : En cause, la mise en ligne des courses et des paris. 
Comme, c'est triste : ces "nouveaux" turfistes, seuls derrière leurs ordinateurs, n'ont alors de l'ivresse de la course et de son folklore qu'une sensation édulcorée, fade et tronquée.
Comme c'est triste de n'emporter aucun souvenir d'un décor où se jouera peut être une partie de leur vie.... Ils choisissent  ainsi une solitude pour le moins dévastatrice, qui les déshumanisera à termes. De cet isolement, qui dilue et modifie leurs habitudes et leurs réactions, ne ressortira que de l’inappétence et de l'inadaptation à la vie. Point de partage, point de monde réel, je parle là de la vraie vie, de celle qui bouge, qui ressent, qui vibre à l'unisson.

Aaaaaahhhh ! voilà que je sens comme un murmure d'approbation.



Moi, quand je pense courses, tiercé, hippodrome, je pense à mon père, turfiste du dimanche : ce petit plaisir hebdomadaire, il n'hésitait pas à le partager avec l'ensemble de la famille.
Bien fixé dans un coin de ma mémoire – avec tout le cérémonial qui l’accompagnait - là-bas en Lorraine dans les années 60/70, ce souvenir me chavire toujours.
Dès le vendredi, nous plongions dans l'univers du trot, des casaques et des toques de couleurs, des chevaux aux noms évocateurs (Oscar RL, Ozo, Roquepine, etc.).
Là, sur la table de la salle à manger, le journal s'ouvrait sur la double page des courses, le carnet de paris blanc et rouge posé juste à côté, indissociable de sa petite pince magique. Vous savez, celle qui - un jour peut être - devait poinçonner les bons numéros.
En fin stratège, mon père étudiait tous les paramètres (chevaux, jockeys, entraineurs, terrains...), avant de valider LE ticket. Le petit café à deux pas de la poste ne désemplissait pas de commentaires avertis et… de futurs millionnaires... enfin, à les écouter parler !
Puis arrivait le dénouement du dimanche, avec un Léon Zitrone, dans les starting-blocks, prêt à chevaucher au côté des purs sangs tant l'urgence des résultats était indispensable.
La fratrie était devant le petit écran, en bonne place à attendre les résultats, à s’étonner de voir tant de monde autour de la piste. Le noir et blanc du téléviseur prenait les couleurs des casaques finement décrites par le speaker vedette… Oui, nous étions à l'hippodrome avec tous les spécialistes du trot attelé ou monté.

Le seul petit regret qui me reste de cette époque, c’est l'absence du moindre million. Point de fortune certes, juste un souvenir ému, mais quel souvenir...

Alors, pourquoi sacrifier une telle magie au profit d’une pseudo avancée technologique qui éloigne des autres et de la communion des émotions ?
Je milite pour la primauté de l’imagination, de l’imaginaire contre cette informatique qui vous empêche de regarder l'autre ou l'ailleurs.
Voyez ce bel alezan, cette jument et ce bel étalon, voyez comme ils courent, comme leur port de tête est royal. Faut-il de la patience, de l’amour et de l’entrainement pour en arriver à cet hippodrome.














Ce ne sont pas de simples numéros (tiens, presque la phrase à Patrick Mac Gohaam dans la série du Prisonnier !).
Ces hommes, ces chevaux, cette piste de plusieurs kilomètres à parcourir, ces quelques minutes de course incarnent à eux seuls un immense défi tant il faut être rapide, c'est une expérience incroyable, un moment de puissance extrême à peine descriptible, fragile et dangereux à la fois.
Et pour un photographe, captez de tels moments à la nuit tombée, dans le froid humide, ça donne du bonheur, de l’énergie et une forme de gaité graduée qui fait oublier la rigueur du début de l’hiver.

La brume est perceptible sur les clichés mais cela n’altère en rien l’élégance des montures, ni celle des cavaliers. On reste conquis par ce milieu où résonnent des noms auréolés de lauriers, dont le marqueur indéniable reste celui d’Yves Saint Martin.









Alors un vrai pari, ça vous tente ?


Je voudrais encore saluer et remercier chaleureusement les équipes de l’hippodrome qui permettaient à mon photographe de réaliser ces belles prises de vue.














Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

VOS COMMENTAIRES