Il claque la portière, monte
rapidement les marches qui vont du sous-sol à la maison et fonce directement
dans son bureau, son sac photo accroché à son épaule.
C’est immuable : Après une
séance photos, il ne peut s’empêcher de jeter un coup d’œil sur son travail…
peu importe l’heure, il ne transige jamais sur cet impératif.
Juste un œil, enfin presque…
Car Jacques se couchera deux
heures plus tard avec toujours cette même irrésistible envie du bien
faire. Surtout, si le sujet traité renforce cette envie.
Et là encore, carton plein pour l’Espace Gibert et ses jeudis
festifs : La scène résonne encore comme en écho à cette culture hispanique - gitane - bien
implantée dans notre région occitane. C’est une culture d’extérieur contrairement à la nôtre qui souvent s’enferme dans la maison. Ils aiment
le « bruit », parle fort, nous aimons le calme et notre verbe est un octave en dessous. Pour certains les différences génèrent des problèmes insolubles à résoudre.
« Pas moyen »
diraient-ils, de régler une telle équation... pourtant ce jeudi soir dans la
cour du 24 bd Max Dormoy, 200 personnes présentes prouvaient le contraire.
La culture gitane était à
l’honneur avec son flamenco (Antonio Machado
écrivait : « les gitans appellent les Andalous gachõs et ceux-ci appellent les gitans
ironiquement les flamencos...), ses guitares, ses poèmes chantés qui font
palpiter les cœurs et tirer des soupirs, ses robes à volants et ses talons qui
claquent.
Les artistes attachent toujours beaucoup
d’importance au souvenir de ceux qui se sont illustrés dans leur art. C’est la
raison du spectacle créé par la compagnie Lorenzo Ruiz.
L’hommage vibrant à Antonio
MACHADO est comme un cadeau. Le public va tout savourer… les attitudes en
gestes de supplique, les physionomies, les envolés, l’art avec lequel les
sentiments nous sont transmis, la grâce des danseuses, les solos de guitare, les chants si caractéristiques, la
prestation inouïe de Lorenzo avec son « tablier de cuir », les
claquements de mains et de pieds, les mouvements des poignets, les ports de
têtes…
C’est une prestation mise au
service de la transmission de la tradition avec le cœur, et
l’âme. Les artistes n’ont que cela dans la tête comme vecteur de vie. C’est tellement
curieux comme ils sont aptes à exprimer l’inexprimable. Regard fiévreux,
chorégraphies réglées au millimètre, les morceaux s’enchaînent avec passion.
Lorenzo commente parfois (en espagnol). Même là, la langue ne sera pas une
barrière. Le charme de sa voix – chaude – opère et porte avec flamme, le
message qu’il adresse.
Le photographe s’est laissé
séduire par cette ambiance, cette intensité du moment, ces martellements du
sol, ces artistes qui se dressent fiers et poignants dans l’exercice de leur
art et le plus étrange ce sont ces ombres que retenaient les murs. Elles parvenaient à le charmer.
L’art a le pouvoir de convaincre
même les plus rebelles : Il montre les différences pour mieux les abolir
ou mieux les sublimer. Il balaie les frontières, il rassemble à tout niveau.
Voici mêlés la danse, la chorégraphie, l’esthétisme, la photographie, la
musique, la communication, l’architecture, le journalisme, l’organisationnel,
la technique, la gestion, les pays, les cultures, les gens du sud et ceux du
nord ou d’ailleurs, les plus jeunes et les plus anciens, les passionnés, les
curieux, les actifs, les vacanciers, etc. Tout est là dans une belle communion.
- « Mais
dites-moi Professeur Gibert, n’auriez-vous pas résolu une belle
équation ? »
« Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas le nom des fleurs
qu’elles s’arrêtent de nous embaumer ». J'espère que Monsieur
Richepin saura me pardonner - la haut - de n'avoir pas exactement retranscrit ses mots.
Mais l’idée est là : Le
Flamenco et la troupe de Lorenzo Ruiz nous offraient tous les parfums de l’Andalousie, de sa culture
tellement respectueuse des traditions sans retenue, sans même nous demander un
retour...
Tant de belles choses encore méconnues, tant à découvrir encore et toujours. Il faut juste faire l'effort de tendre la main.
Tant de belles choses encore méconnues, tant à découvrir encore et toujours. Il faut juste faire l'effort de tendre la main.
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