dimanche 7 janvier 2018

POUR NE PAS OUBLIER

On dit de ces lieux que c'est le temps qui les façonne. Il fait son œuvre. Insidieusement. Oui, la nature veille et nous convainc que rien ne meurt. De ces morceaux de vie, de ces endroits âpres et abandonnés émane toujours une beauté obsédante, intrigante, habitée et enchantée. 
Jacques que rien n’arrête, aime à arpenter ces friches avec l’un de ses amis... (l’URBEX impose de ne jamais partir seul). Ils observent, cherchent, trouvent l’insolite et photographient pour ne pas oublier qu’en ces lieux, des voix, des hommes ont vibré, des joies, des pleurs, des secrets, des histoires ont existé.
Les photographes sont comme les marins, ils apprennent la patience et la prudence. Ils sont silencieux aussi. Et on comprend ici tout le sens de ce silence. 
Vous ne saurez jamais où ces clichés ont été pris. Ces endroits appartiennent à la nature. N’ayez aucun regret et restez en « lisière » - là - juste pour regarder.
Je suis comme vous. Je fais ça, je regarde et j’aime ça regarder.









Ici un ancien chapiteau, là une ancienne demeure, peut être un manoir ou un château. Peu importe !
Je vois un rayon de soleil si plein, si généreux qu’il inonde le bâti en ruine. Non, il illumine un PALAIS. Car c’est d’une richesse infinie, même noyé dans ce calme étrange ! J’y vois comme un diadème posé là sur cette voute. On y perçoit à peine l’absence, tellement c’est baigné des souvenirs du passé. Il s’y mêle un présent sans complexe mais qui ne vient en rien entacher la beauté du lieu. L’abandon y est net mais sublimé par des graffs exceptionnellement chatoyants, intelligents. C'est un lieu prétexte à la culture, comme un passage obligé vers le futur. 
Demain ce « quelque part » accueillera peut être une scène, un théâtre, des migrants, une école, un jardin arboré, une tour de 38 étages, un parc… tout est possible.
Mais aujourd’hui, l’emplacement appartient à ces artistes de l'éphémère et à la seule nature et c’est elle qui le modèle selon ses humeurs, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige ou comme ici qu'il s'ensoleille. Quel bel écrin pour ces oeuvres incroyables.
Elle a tout son temps, la nature. C’est pourquoi elle accepte d’y accueillir parfois quelques curieux si tant est qu’ils respectent son équilibre, son intemporalité et tous les secrets qui le hantent.
Ceci pour le plus grand bonheur des contemplatifs.













Et puis, il y a Paris et la grande roue, celle des forains ! Celle qui ne se retrouvera plus en place de la Concorde et que Jacques a voulu saluer une dernière fois. 
Les bien pensants ont décidé en effet de "lisser le paysage". Quelle affligeante banalité nous guette… dès demain Paris ressemblera à toutes ces grandes mégalopoles où seul le très « chic » a droit de cité. 
Paris va-t-il devenir un sanctuaire ? Une ville musée sillonnée par les grands bus des tours opérators ? Une ville peuplée des fantômes du passé et par une faune qui maitrise à fond la bourse et manie le virtuel et les bitcoins plutôt que le bon sens ?
Terminé le populaire, il faut du strass et des paillettes, du parfaitement chorégraphié, du calibré, de l’uniforme, de l’aseptisé et tant pis si vous aimez les petites aspérités, la différence ou la diversité[1], il vous faudra ici et dès demain passer votre chemin.



















Jacques a signé quelques beaux portraits de la belle. Mais là aussi, il ne se contente pas de photographier, il témoigne, il explore, il donne à voir, il mémorise pour ne pas oublier.





[1] N’est-ce pas là ce qu’on nous demande  

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