Si dépouillé qu'il impose le panoramique |
J’ai quelque peu poussé le trait (oh ! à peine), je l’avoue. Quoique vivre au côté d’un passionné impose une certaine souplesse d’esprit. Mais personne n’est parfait, nous avons tous nos petites marottes. Autant s’en amuser.
Et puis, le temps est venu de présenter nos vœux et de prendre de bonnes résolutions. Bon, pour ces dernières, nous verrons cela en janvier ou en février, ou pas !
De leur propre aveu, ils sont rarement chez eux et
lorsqu’ils le sont c’est souvent pour post traiter un foisonnement de photos –
ciblées évidemment et de leur point de vue essentielles à leur photothèque.
Je me suis toujours demandée comment on pouvait en
arriver là ?
Le numérique n’y est certes pas étranger, l’informatique
aussi, la téléphonie non plus… mais tous ne deviennent pas des « geeks monomaniaques ».
C’est de ceux-ci dont je voudrais vous parler en cette fin d’année… Oui, j’en
ai un à la maison, toi aussi Renée, toi aussi Martine ou Brigitte ou
Jean-Pierre, etc.
Ceux-là font feu de tout bois : la pluie qui
danse à la lueur d’un phare, le vent qui agite les futaies, des grillages qui ceignent
un entrepôt, des locaux désaffectés où courent des murs barbouillés de
graffitis, un minuscule insecte ou un énorme cerf en mal de femelle, le coucher
du soleil, une poule faisane qui fouille le bas-côté, un geste, une posture, un
sourire, que sais-je encore ! Rien ne les réfrène.
Ordinaire et pourtant exceptionnel |
Cette passion leur enseigne bien des choses.
La première concerne l’art de ne pas se faire remarquer. Ils
savent se rendre presque invisibles, ils ont appris à se déplacer sans bruit.
Cette maîtrise
de l’intangible est travaillée quotidiennement. Elle est peaufinée à l’extrême
et plus encore à domicile. Ainsi, vous ne les voyez jamais dans la cuisine à
préparer le repas ou vaquant d’une pièce à l’autre muni de l’aspirateur. Les
avez-vous vu avec le fer repasser ? Savent-ils seulement où se cachent ces
indispensables ?
La seconde dépend de l’urgence. Le temps presse toujours
pour eux, du lever du soleil à son coucher, tout les ensorcelle : Déjà là
tout est dit, mais leur vie peut dépendre de l’envol d’un insecte ou d’un oiseau,
d’un baiser, d’une vague, du vent qui joue avec un fil de soie d’araignée, d’une
goutte… tout cela est suffisamment délicat et fugace pour éviter qu’ils ne se
dispersent.
Mes amis (ies),
évitons leur toute pression supplémentaire. Laissons leur le temps de se
préparer, de mesurer, de tester… et plusieurs fois si nécessaire.
Ils n’ont que
peu de temps à consacrer à votre quotidien. Comprenez, c’est là et maintenant
que tout se joue ! Leur système de défense prend souvent pour base
« ce moment capital » : Grandiose, subjectif et irrationnel,
mais grandiose.
Urgence encore lorsqu’il s’agit de visionner leurs
photos. N’avez-vous jamais entendu cette voix qui fend la sérénité de votre
matinée besogneuse, cette voix qui vous interpelle de façon quasi péremptoire :
« viens voir ! ».
Pensez ! Une
photo sur un écran, ça n’attend pas…
La troisième touche à l’intime. Les passionnés sont épris de
leur matériel, ça va de soi. Ils forment un couple, ne s’éloignent que très peu
l’un de l’autre, le premier veillant toujours sur l’autre sans équivoque.
Pourtant, la photo ne serait rien sans un troisième compagnon et là aussi c’est
intense et magnétique ! L’attractivité est énorme entre l’ordinateur et le
photographe. Ils sont comme appairés… aimantés. Oui, des amants improbables,
mais bien réels ! L’attirance est prégnante dès le réveil. Vite, il faut aller
caresser la touche « on » du computer. Parfois ce dernier est juste
en sommeil (on évoque ici le réchauffement climatique ou dans un autre
billet ?) une simple caresse suffit à l’animer. Alors tout le possible se
trouve à portée de doigts …
Comment lutter
contre cette application qui n’attendait que ce moment pour les séduire ? Hep
toi ! Petit-déjeuner…
Entre en jeu
la quatrième,
leur sens de l’observation :
celui qui leur permet de saisir l’insaisissable. Oui, ils ont l’œil aguerri, c’est
prouvé. Lunettes ou pas, c’est 12/12 à chaque mirette. Rien ne leur échappe… Je
vous reparle de l’insecte ou de la pluie qui danse ? Non, vous avez
compris.
Cette surveillance constante de l’environnement,
cette tendance innée à observer et cette faculté à réagir vite s’appliquent
dans leur quotidien. Inévitablement, ils sauront percevoir le malaise, le
rictus d’agacement du compagnon, la limite qu’il ne faudra pas franchir sous
peine de bannissement.
C’est donc tout naturellement qu’ils vous proposeront
d’aller flâner ici ou là, car voyez-vous c’est une journée idéale… pour prendre
quelques photos.
Comment leur en vouloir, ils sont inénarrables dans
ce numéro de séduction. Et pour peu qu’ils vous emmènent dans des lieux
bucoliques, tout ressentiment s’évapore avec le vent qui apporte des odeurs de
terre, de mousse ou de parfum de fleurs.
C’est là leur
cinquième qualité, celle que je préfère, la sincérité.
Ils sont épatants[1],
délicieusement attachants, même habités par des priorités si lointaines des
nôtres. Elle m’impressionne cette sincérité là, si pleine d’originalité, de
rigueur, d’astreinte, de force aussi.
Car s’ils sont passionnés, ils sont tout autant
passionnants. Le fait est qu’ils
sont aussi sincères et honnêtes que fidèles : à leur passion, à leur art, à leurs habitudes, à cette
urgence à transmettre du beau, du terrible, de l’inédit, du vrai, le détail,
une atmosphère, une impression. Et s’ils sont excessifs, c’est uniquement pour
défendre cette vérité là : témoigner et rendre compte du moment. Et finalement,
n’est ce pas pour cela qu’on les aime.
Un copeau de chocolat et c'est la gourmandise que l'on suggère... |
Un oiseau, le renouveau |
Souhaitons leur pour 2018 de nombreuses aventures, des
situations inédites, belles, joyeuses ou plus mélancoliques propres à les
séduire et à nous ravir. Souhaitons leur d’être souvent absents de chez eux car
en reportage. Souhaitons leur des clichés exceptionnels, tout en émotion, en
technicolor ou en noir et blanc.
Confucius ne disait-il pas : « Une image vaut mille mots ».
Et plus largement, souhaitons à tous les amoureux de
la photographie, aux contemplatifs comme aux actifs, et à vous tous qui nous
lisez, de très bonnes fêtes de fin d’année avec de belles images - familiales et
simples – mais qui seront étonnantes de vérité, de lumières et d’émotions, car
prises avec passion.
ÉNORME ou... |
minuscule, les détails impressionnent |
Tant de spectaculaire pour du panoramique |
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