Assis devant son mac, Jacques étudie en détail une
de ses photos, loupe poussée au maximum. Un martin pêcheur, me semble-t-il,
noyé dans un amas de brindilles aux coloris oscillant entre le beige et le brun
soutenu. Il en est presque exaspérant à chercher l’invisible, le pixel flou, le
gris trop gris, la lumière pas assez lumineuse, le manque de résonnance… Pour
moi une photo, c’est avant tout l’émotion qu’elle suscite, un plaisir au
premier coup d’œil.
Oui mais voilà, il y a des règles dans cet art,
comme dans toutes les disciplines ! La première étant de garder le curseur
« souci du détail » à son maximum et d’être méticuleux dans le tri de
chaque série de clichés.
JM « Bien sûr que
l’émotion joue un rôle primordial, mais elle est surtout présente lorsque je
pars en maraude » dit Jacques. « À Paris, elle m’interpelle sur une
ligne de fuite, l’altérité de deux architectures qui voisinent et cohabitent
délicieusement, devant une perspective exceptionnelle… Mais si elle te domine
au moment de prendre le cliché, il ne sera pas forcément réussi. Il faut raison
gardée et penser règles. Dois-je les appliquer, puis-je les transgresser et
tout cela dans le contexte ? »
DG «Est-ce que tu peux m’expliquer concrètement avec
quelques unes de tes photos de Paris, justement »
JM «OK, en voici une
quinzaine avec des critères différents. Elles te plaisent ? »
Bien sûr qu’elles me plaisent… Il n’y a rien de plus
glamour que les lumières de Paname, que ses monuments, sa culture, ses rues, la
Seine et l’Ile Saint Louis, etc.
Je retrouve la pertinence et la sagacité de Jacques dans
le choix qu’il me propose : des prises de vue de nuit, un détail, une vue
d’ensemble, de l’urbain, du parisien, bref de quoi enrichir mes pauvres
connaissances dans le domaine. Car, vous l’aurez deviné, je suis plutôt une
intuitive pour ce qui concerne mes photos… qui sont toujours réalisées en mode
automatique et avec mon «Iphone». Je sais, il y a de quoi vous
choquer ! Tout le monde n’est pas équipé d’un boitier SONY Alpha 99 mark 2…
Bref, voici maintenant LA TRAVERSÉE DE PARIS signée Jacques MONTEREAU ou tout ce que j’aurais dû savoir pour surprendre cette
ville dans son plus bel habit de lumière.
JM - «la marque du
boitier est sans importance. Pour des photos de nuit c’est le temps de pose qui
est essentiel. Sur ces clichés, il est de plusieurs secondes. J’ai toujours
avec moi un trépied et une télécommande pour déclencher mon appareil. Je suis sûr
de ne pas bouger. En conséquence, il faut impérativement que tu enlèves la "stabilisation" sur ton boitier. Pour de
l’urbain, je m’équipe d’objectifs 16 – 50 mm, 24 – 70mm ou 70 – 200 mm. Si je
suis sensible à une vue d’ensemble, j’utilise le premier et les autres sur un
plan plus serré, tu comprends ?
Jusque là, tout va bien…
un 16/50, une focale à 16, le diaphragme sur F10/ 30 secondes de pose et 50 ASA |
Parfois de jolies surprises : les Burners au Palais de Tokyo |
JM - Reste que ton coup d’œil est important
pour gérer au mieux l’exposition et la lumière sur ce type de photos. Sur notre
exemple « photos de nuit », et pour la balance des blancs, je suis en mode fluorescent ou tungstène, mais rien ne t’empêche de
tenter le mode auto… ça peut fonctionner.
Second paramètre : l’exposition, Prenons le cliché de la Seine, ici, j’ai sélectionné multizones, mais si j’avais voulu mettre l’accent sur un détail précis, j’aurais placé le curseur sur spot.
Second paramètre : l’exposition, Prenons le cliché de la Seine, ici, j’ai sélectionné multizones, mais si j’avais voulu mettre l’accent sur un détail précis, j’aurais placé le curseur sur spot.
Troisième paramètre : priorité à la vitesse
d’obturation. Elle peut varier de 1
à 30 secondes, voir plus encore. Pour tout cliché de nuit, il faut
compenser l’obscurité par un temps d’exposition suffisant long au capteur. Tu
suis toujours ?
Les variables s’enchainent
et je mesure mon incompétence dans le domaine. Clairement, la connaissance de
son matériel est essentielle. On ne s’improvise pas photographe. Au départ, il faut prendre le temps de
lire ses notices (Que ceux qui n’ont jamais passé cette étape me lancent leur
boitier !), être bon technicien, pratiquer beaucoup, tester des situations
pour chercher à s’améliorer, pour gagner en automatismes. En somme, il n’y a
pas véritablement de place pour l’inné.
JM – Quelle quantité de lumière laisser entrer ?
Encore une fois, c’est en fonction de ton besoin. Si tu positionnes ton boitier
sur F5,6 tu n’auras pas de halo lumineux en étoile et ta profondeur de champ sera
faible. En revanche en te positionnant sur F16, tu auras tout l’inverse, un
joli halo lumineux en étoile et une grande profondeur de champ. Encore une
fois, tout dépend du sujet. F11 c'est le juste milieu.
DG – Et la pellicule ?
je te taquine, je ne suis pas si stupide.
JM – Parlons en justement. En argentique, il
fallait choisir sa pellicule en fonction de son projet 200 – 400… ISO.
Aujourd’hui, c’est le capteur de ton boitier qui joue ce rôle de sensibilité à la lumière : plus le
nombre d’ISO est élevé et plus ton capteur est sensible à cette lumière. Avec
mon SONY et pour ce type de reportage, je me positionne sur 50. Sur d’autres
marques, ce peut être 100. Voilà nous avons fait le tour de l’outil à
proprement parler.
DG – Est-ce que cela signifie qu’il y a aussi des paramètres
«environnementaux" ?
JM – Oui et d’importance. Tu m’as souvent entendu
évoquer l’heure bleue. C’est un
moment magique juste avant la tombée de la nuit. Il est donc important de
savoir à quel moment le soleil se couche pour rejoindre ton lieu de
prédilection au moins 20 à 30 minutes avant. J’aime bien rester une heure/une
heure et demie après ce moment exceptionnel. Il m'arrive d'être surpris.
Inutile d’y passer la nuit, sauf à faire quelques photos de rues très ciblées
ou à traiter une thématique particulière.
Et puis il faut se souvenir des règles et notamment celle des tiers et du point d’or. Avoue qu’une
photo où le sujet est centré manque de charme ? »
C’était ma première leçon.
J’ai compris également que
les saisons opèrent ici aussi, l’une après l’autre et que les photos peuvent se
succéder sans jamais être le reflet exact de la précédente, que la pluie, les
gelées ou un souffle de vent pouvait apporter un charme différent.
J’ai compris aussi que les
mises au point choisies n’étaient pas étrangères au ravissement que certains
clichés nous procurent, que le noir et blanc avaient ici toute sa pertinence, qu’en optant pour une hyper
focale, on obtient une plus grande profondeur
de champ.
En résumé en jouant avec
tous ces paramètres, on obtient des tons différents, une émotion différente
pour chaque prise de vue et finalement… sans même faire un petit pas de côté. Mais,
j’ai surtout découvert que tout ceci est un rendez-vous magistral entre
l’acquis et l’inné.
DG - J’ai une dernière demande
à formuler : Une boite à outils élémentaire avec des réglages polyvalents, une
solution pour une débutante avec laquelle j’obtiendrais des résultats tout à
fait acceptables.
JM – Si le trépied et la télécommande sont indispensables,
une housse de protection anti pluie, une soufflette et des petits chiffons
doux aussi, tu peux régler ton boitier sur 100 ISO (50 s’il s’agit d’un SONY) et F11 puis
prendre plusieurs clichés en augmentant progressivement le temps de pose
10s/20s/30s…
Et puis, il existe des applications à télécharger sur ton iPhone pour t'aider : Sun Surveyor Lite par exemple pour savoir à quel moment se couche le soleil où que tu sois, mais ça tu sauras faire.
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