jeudi 11 décembre 2025

SAPRISTI ! UNE DÉDICACE À RENÉ


Il
me semblait important pour ce dernier spectacle de faire une dédicace à celui qui, depuis bien des années, orchestre avec efficacité et - disons le - brio, ce festival. Bien évidemment qu’il n’est pas seul, bien évidemment qu’il sait mettre en avant tous ceux qui gravitent autour de cette organisation sans faille : les partenaires (la région, le département, la communauté de communes, la mairie), les annonceurs (presse et publicité), sa fidèle équipe de bénévoles au sens large du terme puisqu’elle va de la technique, aux cuisinières, aux photographes jusqu’à toutes ces “petites mains”  qui placent et se déplacent, qui veillent aux détails, qui rangent, qui nettoient, etc. et toujours avec l’entrain et le sourire. Et là pas d’école où apprendre l’efficacité, non, simplement du transfert de compétence qui s’enseigne très tôt avec le papa ou la maman (la plus jeune bénévole devant avoir 5 - 6 ans…), le public, fidèle, les artistes.

Alors que l’IA est en plein essor, que les plateformes de musique se multiplient, porter un festival de cette envergure, où seul le spectacle vivant prime, demande bien plus que de l’énergie et du courage. Il faut à chaque fois surprendre l’autre par une offre musicale talentueuse, moderne et variée donc se surprendre soi-même, tout cela dans un budget dédié et des impératifs de dates. À sa façon, René GRAUBY le dirá :”c’est de plus en plus difficile”. 

Rassurons le sur ce festival ; il était virevoltant, éblouissant, incroyable, talentueux, bref très très très réussi. L’hypothèse de sa disparition éventuelle serait pour ce public, cette région, ces artistes un véritable cataclysme. Sans la musique, le monde n’a aucun sens ! Alors merci à vous tous qui aimez ce lieu original de culture d’en parler autour de vous et surtout merci René de nous permettre de nous projeter d’année en année sur la formidable planète Jazz.

Mais parlons TAMOÏ
Non ce n’est pas une langue, quoique… Ces trois musiciens fort sympathiques, sont à la fois surprenants et sensationnels de par leur créativité. Ajoutez-y une petite dose d’humour et beaucoup de liberté et sans doute de travail et voilà un trio superlatif. Cette créativité, ils la dupliquent à l’envi en ourlant chaque morceau de teintes diverses, d’improvisations rythmées qui nous éclatent de bonheur mais nous surprennent aussi, d'autant que  le jeu ici sera de trouver l'interprète et le morceau. À nous de chercher dans l’espace temps donné (des années 60 aux années 90, 30 années tout de même, mais la musique n’a pas d’âge)… 
Spontanément les réponses fusent à la fin du premier morceau ! Les fans de Led Zeppelin ont conservé en mémoire Kashmir. Moins de décibels (quoi que), sans la voix de Robert Plant ici, mais les mordues (us) ne s’y trompent pas. Une version immédiatement validée par le public.
Puisque nos 3 musiciens nous font face, il serait bien de vous les présenter :
À La Guitare, Mickaël GIMENEZ
À la basse, Martin JAUSSAN et
À la batterie, Thomas DEMENE



En fait ce qu’il faut faire, c’est dégager son esprit de l'acquis, s’éloigner de l'interprétation initiale et se laisser happer par la nouvelle version souvent plus aérienne, plus délirante et Norwegian des Beatles en est bien la preuve.
Ils s'amusent dans le détournement, c’est ciselé et quel bonheur d’arrêter ses pensées et de profiter de ces musiciens orfèvres, qui nous offrent des arrangements très contemporains. 
Ecouter ”Massive Attack” par TAMOÏ, vous pouvez me croire, la quintessence du groupe a été respectée de bout en bout, à la fois expérimental, lunaire, presque sans fin, on adore. Ils
revisitent des morceaux emblématiques et notamment mélangent avec élégance du Neil Young avec Melody Nelson (merci au public qui soufflait les réponses, j’ai pu ainsi garder le fil, embarquée que j’étais par les riffs de guitare, mêlés à la batterie et à la basse et le côté bien rock de certains morceaux). 
Ils nous proposeront une dernière revisite de Led Zeppelin bien rock elle aussi pour clore la session.
Quoi ? Mais non… Le rappel insistant du public les ramène sur la scène bien vite. Nous nous quitterons sur des notes de style “un peu afrobeat” (sic le commentaire de Mickaël). Batterie bien présente, c’est coloré, scandé, répétitif… Oui, le temps passe bien trop vite sur cette “faille musicale occitane”. 
Une avalanche d’applaudissements accompagnera leur départ… Oh ! Pas très loin, à la cave à jazz. Messieurs, sachez que vous nous avez régalés !
Et la salle s’anime et se vide pour un dernier entracte.

Sur le devant de la scène, prennent place une chaise, des micros, une batterie, les guitares, la contrebasse,  dans un périmètre réduit. 
La présentation par la voix OFF déclenche l’arrivée du groupe sur la scène :
À la voix et à la guitare : Hugh COLTMAN
À la guitare : Julien OMÉ
À la basse : Laurent VERNEREY
À la batterie : Raphaël CHASSIN




Le silence se fait, l’artiste adresse un bonsoir au public et s’élance. Take Away … 
On a dit la voix n’est-ce-pas, mais quelle voix, de Crooner bien évidemment, une voix chaude et puissante qui donne un frisson immédiat, omniprésent tout le long de ce concert. 
René, ton choix pour cette ultime scène est exceptionnel. Là tu gagnes sur tous les points, même si je me doute bien qu’il doit s’agir de décisions collégiales, chapeau à l'équipe de décideurs !

Les accents vibrants apportés par l’harmonica, cette voix puissante, le charisme de l'interprète,  la symbiose du 4tet, l’adhésion immédiate du public, ça conjugue la perfection. Dois-je en ajouter encore… un détail peut être, il parle français avec ce léger accent et cette touche d’humour anglais qu’on adore.
Comment écrire quand on est fan absolu (e) dès la première note de musique ? Je crois même que la salle a unanimement validé cette position. Il aborde tous les styles avec aisance et décontraction, mais surtout avec un entrain et une vitalité non feints. Il aime la scène, le public, le contact, la musique et ses musiciens, bref tout est parfait. 
Les morceaux s’enchaînent de plus en plus puissants, de plus en plus rock, parfois accompagnés de claquements de mains… une pile électrique, je vous dis, complètement habité par sa musique, c’est bruyant mais d’une belle intensité et d’une qualité esthétique incroyable. 
Il dira ne pas vouloir trop parler pour ne pas être “chiant”, mais si expliquez-nous pourquoi ce titre The Jumper… Un pull over pour une chanson de deuil, un souvenir de son père, quelque chose d’éminemment important aujourd’hui qu’il n’est plus et qui lui rappelle des tas de petites choses touchantes.
Puis, il évoque sa peur de la page blanche, son départ pour Valence d’où il ramènera d’ailleurs la chanson Mountain au rythme lent, un blues très personnel, une sorte d’ode à la nature. Les morceaux très intimistes se succèdent, le deuil, la jeunesse qui s'éloigne, un avenir chancelant…
Sa chanson préférée est un cadeau de Matthis PASCAUD, qui n’est pas là aujourd’hui puisqu’il est remplacé avec élégance - et talent - par Julien. Hommage au Dr John.
Il se balade entre souvenirs et futur, les constats sont là mais l’indulgence également. Et parmi ses souvenirs, un premier passage à Conilhac qui confirme l’accueil enthousiaste qu’il y avait reçu. Dans la salle, certains s’en souviennent et lui soufflent l’année. La ferveur est toujours là.
Le Crooner reprend alors une chanson de plus de 100 ans aux sonorités un peu mélancoliques, autour d’un métier quasi disparu (les potiers). Ombre et lumière pour ce morceau, oui, le temps passe trop vite, les révolutions s’opèrent, des directions nouvelles se dessinent et il faut savoir accepter, c’est bien de résilience dont il est question dans le nouvel album qu’il dédicacera un peu plus tard et que l’on apprécie ce soir en direct.
On a adoré son discours sur le spectacle vivant, sa musique, ses musiciens tout près de lui, sa nostalgie, sa simplicité, sa proximité, tout, tout, tout et même sa petite “aventure” Tom Waits en 2000 au grand Rex.
Pourtant, le concert touche à sa fin
Il nous invite alors à se joindre à lui sur un titre d’une période bien connue de tous : “la crise de la cinquantaine” (Midlife Crisis, une période où parfois tout semble aller de travers, mais qu’il exprime avec humour) en claquant des mains et en chantant sur le refrain, voire même dans un cri. S’il y avait eu un applaudimètre ou un sonomètre, il aurait explosé, ce qui lui fait dire qu’il reviendra l’an prochain. Chouette !
Voilà un artiste qui nous a fait du bien, tout en sincérité et en bienveillance.

J’ai aimé ton éclat de rire, René et ta remarque à la sortie, qui résument bien ce qui vient de se passer “il a la santé” et nous, nous avions encore la banane à minuit, même si le Festival s’achevait ce soir.
Good Grief, c’était bien !


TAMOÏ












HUGH COLTMAN 4TET


































Credit photos : Jacques Montereau


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

VOS COMMENTAIRES