LA GÉNÉROSITÉ DE L'IRLANDE !

GERRY CARTER

A côté de lui, j’ai souvent appris à regarder. Armé de son appareil photos, Jacques est curieux, heureux, rigoureux, généreux, aventureux, malicieux mais jamais vaniteux ; en somme, je crois qu’il est doté du « sixième sens » des artistes qui s’ignorent. C’est toujours intéressant, voire étonnant de le regarder faire, surtout quand celui-ci entre en action. 

Curieux ! C’est le moins qu’on puisse dire. Il a toujours un sujet à découvrir et quand je l’ai vu embrayer sa belle mécanique jeudi, j’ai tout de suite pensé que le projet allait avoir de bien jolis rebondissements.

Une troupe : Chants, danses et claquettes, waouh ! J'adore !

Ça en jette, les piqués avec des claquettes. C'est "celtic", c'est joyeux, c'est le CELTIC LIVING SPIRIT. Le public est tout de suite emporté ! 
Car le "craic" vous plonge directement dans l'esprit irlandais, mais d'irlandais sur scène, y en a t-il beaucoup ? Evidemment que oui ! Les musiciens, dont l'un arbore audacieusement le kilt traditionnel sur scène... Quant au créateur du groupe (chanteur et multi-instrumentaliste), Gerry CARTER, à la voix nette, sobre et efficace, lui, il vit son pays avec brillance et conviction. Le reste du groupe, pour tout dire les 4 danseuses sont françaises. Mais qu'importe, tous sont passionnés par la fougue et l'âme de ce pays qui mêle musique et claquettes et qui nous régalent aussi bien qu'une glace artisanale surmontée d'un dôme de chantilly. 

Ceux-là vivent passionnément la danse, les mélodies et les sonorités irlandaises, l'esprit celte... et dire qu'ils sont rompus à l'exercice semble bien inutile. Ils ont tôt fait de vous embarquer dans l'histoire. Curieux  phénomène que la passion, n’est ce pas ?

J’en ai la preuve tous les jours avec Jacques. Son esprit est souvent vagabond lorsque le sujet ne l’intéresse qu’à demi,  mais - dès lors qu’il s’agit de photo - son attention est exacerbée. Ainsi, je l’ai vu partir, absorbé par ce nouveau projet et je suis certaine qu’il est arrivé dans le joli parc de Gaujac avec la même concentration d’esprit, imaginant une prise de vue, profitant d'une atmosphère, surprenant une attitude, un port de tête, un battement de pieds, un battement de cils. Bref, il était dedans et il se régalait par avance de n’y rencontrer aucune monotonie.

Avec lui, les choses sont faites avec simplicité. Elle est là, sa force. Il puise sa drôlerie, son esprit, son inventivité aux détours de situations multiples et son « avenir » se construit au gré des hasards. À une triste expérience se substitue un futur tout bariolé de nuances diverses, de chemins nouveaux et ça lui convient. 

Peu de points communs avec ce qu'il a fait la veille, si ce n'est la scène. Ici le mouvement est rapide, exubérant, explosif mais ce soir, il y a quelque chose d'indéfinissable en plus. C'est sans doute cette générosité radieuse qui s'immisce un peu partout et cette couleur si particulière... comme une nuance de liberté. Voyez ces sourires, ces élans, cette virtuosité si ce n'est pas superbe :  Un soleil  autour des chaussons noirs munis de fer. 

Voyez cette danse et son académisme, ces saltimbanques marqués par l'Irlande... ne valaient-ils pas quelques jolis clichés et plus encore.
Car curieux, comme il est, Jacques s'est aussi invité dans les coulisses où quatre jeunes femmes l'accueillaient sans plus d'exigence.
C'est ainsi qu'il a conjugué métamorphose et spectacle. Assez réussi, n'est-ce-pas ?  

Ce que je sais, c’est qu’il a trouvé l’exercice amusant, intéressant, parfois délicat et qu’il s’y est donné sans complexe. D'autant plus, qu'il partageait là "le battement de cils et le battement de pieds". De toute façon, dans le feu de l'action, il n'était plus temps de se poser des questions.

Et je dois dire que ce reportage irradie l'énergie du moment. La saisir ainsi est unique. Ah ! l'énergie, c'est bien le point cardinal de cette troupe : On ne peut nier qu'ils savent y faire, de la préparation à la restitution, c’est tellement admirable qu’il aurait été dommage de ne pas vous donner à voir les moindres détails : ces instants de délicieuse sincérité, où chacun se concentre, se nourrit de la force du groupe pour offrir au public un spectacle haut en couleurs et en sonorités. N'est-ce pas que vous y êtes dans cette île d'émeraude.

Et c'était si simple puisque Jacques maîtrise « un peu » l’usage de la couleur, du cadrage et de la prise de vue, rien de plus facile que de réunir ces deux compétences. 

Oui, c’est encore la Photo qui servait de go-between entre ce passionné de la belle image et ce beau spectacle vivant où les notes et les danses sont pour le moins explosives. Voilà donc une belle synthèse.

Pour ma part (mais je suis de partie pris), je suis certaine que le photographe en a tiré bien du plaisir malgré les contraintes de la soirée. J'adore ces clichés voilés qui semblent vous plonger dans les brumes du Connemara.

C’est réalisé - comme toujours - avec une grande générosité. 
Vive l'Irlande et bravo au Celtic Living Spirit, quel tempérament, quelle joyeuse et vivifiante déflagration.

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