jeudi 16 août 2018

OLÉ, bis


Si vous pensez que ce billet va à contre courant de la modernité, si vous pensez qu’il est loin des considérations d’aujourd’hui, loin de ce que Jacques photographie habituellement, c’est qu’il est réalisé pour surprendre, pour éveiller cet intérêt qui touche à tout ce qui est ancré dans la tradition.

Car pour entrer dans ce monde là, il faut en connaître ses racines, les comprendre ou tenter de le faire du mieux qu’il est possible. Et savez-vous comment ?

En étant curieux. La curiosité est sans doute une grande qualité dans le cas présent car de la méconnaissance nait l’incompréhension, la méfiance, voire le repli, le conflit. 
Alors donnons nous la peine de prendre le temps de sortir de notre univers habituel, donnons nous les moyens d’accepter les différences. 
C’est à cette seule condition que nous gouterons à toute la fantaisie qui jaillit d’autres cultures.

Parlons Flamenco ! Oui nous en avons parlé l'année dernière... Mais c'est un art ô combien complexe, qu'un second article ne gène en rien et le fait qu’on l'associe souvent aux gitans me parait toujours un peu réducteur. Certes, c’est un peu grâce à eux si la tradition a voyagé au-delà des frontières de l’Andalousie et de l’Espagne et grâce à eux si elle a su conserver la pureté du geste, tout en évoluant à la faveur de ses interprêtes. Mais il ne faut pas oublier que cet art là a des racines également musulmanes et juives. Il y aurait beaucoup à dire sur le Flamenco mais Wikipédia est là pour vous informer. Je vous fais confiance.




En tout état de cause, c’est un art qu’on croirait quelque peu monotone. Erreur ! Il est "secrètement" dans l’improvisation. C’est justement de cette interprétation improbable mais toute en finesse, en élégance, en force, en magnétisme et en émotion que surgit cette modernité.
C’est évident que ça détonne ; cet art là n’est pas véritablement en vogue, il ne s’exporte pas vraiment. Si j’osais, je dirais presque qu’il reste confidentiel, presque endémique de l'Occitan et plus généralement de l'Espagne avec ici ou là ses adeptes, ses puristes, ses passeurs.
Si le nomadisme du peuple gitan s’est éteint au fil des années, on peut le comprendre. Le monde s’est tellement complexifié. Il reste pourtant le fer de lance de la tradition flamenca. On aime tant les robes rouges virevoltantes qui prennent un malin plaisir à nous dérober les jeux de pieds et de mains si savamment orchestrés, ses attitudes composées qui mettent en valeur le jeu des muscles et les regards incisifs des hommes.
Sensualité des couleurs mais aussi des notes qui s’imposent en puissance et en rythme. Les danseurs perpétuent la tradition en osant sans que nous ne nous en apercevions réellement quelques touches délicates de pulsions nouvelles. Et de touches en touches, le Flamenco gagne en modernité et gagne surtout ses lettres de noblesse. Saviez-vous qu’il est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Nous voilà plus tranquilles de savoir qu'il est ainsi inscrit aussi dans l'éternité.











C’est un art populaire, un art de rue aussi, et même s’il n’atteint pas la notoriété de danses plus contemporaines ou plus classiques, sa popularité est grandissante grâce à des artistes d’envergure, parmi lesquels on trouve Serena De Souza, danseuse et chorégraphe (ici en action) ou Mercedes Ruiz, Javier latorre, etc.
Jacques - cette année encore - a été touché par cette force, par cette communion entre instrument, voix et geste, par cette capacité de métamorphose qui passe en quelques secondes du langoureux au puissant et il a cherché à restituer dans ces prises de vue ces contrastes avec un maximum de correspondances.
C’est pourquoi il a utilisé la contre plongée en touche très très légère. C’est discret mais il n’en fallait pas plus : C’est ce qui donne aux danseurs une présence presque écrasante et ça souligne aussi la précision quasi chirurgicale des mouvements  accompagnant les complaintes musicales.
C’est aussi une manière de poser son sujet différemment des représentations convenues.
C’est à la fois direct et énigmatique. L’éclat du rouge comme du noir ajoute ainsi une note plus ténébreuse encore, plus d’intensité aux danseurs et le geste est magnifié. Pas mal, n’est-ce pas ?
Et pour accentuer la vivacité du mouvement, Jacques n'a pas manqué d'utiliser le "bougé"... 
Pour les questions et les cours, voyez directement avec lui. J'avoue ici mon incompétence !
Je préfère vous laisser à cette culture qui se perpétue et se transmet de génération en génération aussi bien dans la rue que dans les académies de danse et de chant. Oui, je préfère vous laisser apprécier la ferveur avec laquelle chacun des acteurs vous la distribue sans détour, comme un gros cadeau. 
C’est aussi physique que mental, qu'une telle performance s'apprécie dans sa globalité.













Serena De Souza en mouvement






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