mardi 21 novembre 2023

ARE YOU SURE ?


Pardon, de quoi, sûr de quoi ?

La vérité, c’est que la scène de Conilhac recevait pour la première fois LA BEDOUNE1 et que les responsables de l’association ne savaient pas si le public allait adhérer. Bref, il y avait risque, rien que ça, vous êtes sûr ?
J’en appelle à tous les témoins de la soirée : Y avait-il danger ? Certes non, mais de l’audace et de la belle surprise, oui sans conteste.
Sachez déjà que les deux protagonistes invités sur les conseils d’un certain David2 ne cesseront de nous surprendre et de nous émerveiller en cette soirée cabaret du 18 Novembre. D’emblée, ça sécurise, aussi laissons la scène à ces deux artistes.

En couple dans la vie et dans la musique, ils se présentent en harmonie vestimentaire (genre Pierre Soulages... vous voyez, le camaïeu de noirs, lunettes noires également, bijoux têtes de mort (bien plus petites que celle qui trône sur le haut de leur grosse caisse). Attention, rien d’impressionnant, rien qui tiendrait du Punk ... puisque ce serait hors sujet.
Bref, ils sont parfaitement dans le ton du blues « slaves songs » de la Nouvelle-Orléans, de Bâton- Rouge, etc. Même la grosse caisse et la caisse claire sont présentes.






Cécile PERFETTI est auteur compositeur interprète et lorsqu’elle prend la parole, elle ne tergiverse pas, c’est du « cash » (elle a choisi son Johnny, assurément...)
Ses parents l’ont doté d’une voix miraculeuse : comment vous l’expliquer, peut-être par un métissage de Catherine Ringer, Maurane et Liane Folly, bref une voix de folie, éloquente au-delà de ce qu’il est possible ; Entendez-vous la puissance de son chant, des paroles souvent exprimées en franglais, avec une aisance et une vitalité insoupçonnables. En toute simplicité, elle vous raconte qu’elle puise son inspiration dans son quotidien et c’est jouissif de partager cette vie parfois similaire à la nôtre : une soeur étrange qui ne lui parlait plus, un ami - il sappelle Jeff - au drôle daccent qui lui prodigue des conseils, un blues denfer au retour des Etats-Unis. La différence entre elle et nous est ici : Nous regarderions nos photos, Cécile, Elle, compose sur sa basse Mississipi Flowers.
Vous êtes sûrs de vouloir encore du cash, du vrai, du nature ? Eh bien, cette jolie jeune femme a écrit et interprète sur scène « LA BEDOUNE est mon nom » ! Un nom comme un autre, mais qui a sans doute traversé quelques mésaventures dans le métier... Rassurons-la ce n’est pas ringard, c’est bien branché blues et nous on prend ce nom qui vient de chez elle à 1000 %.
Ah la belle franchise, ce n’est pas somptueux ça : ce talent incontestable qui lui permet porter haut ce patronyme.
Assez parlé de Cécile, quoique nous pourrions encore évoquer d’autres qualités : elle siffle admirablement, elle est excellente lorsqu’elle imite les cuivres, bref, experte en tout avec ou sans son instrument, avec ou sans ses lunettes.
Et Greg alors ? il est aussi sincère qu’elle, aussi attachant, aussi performant, aussi généreux. Il se veut méchant garçon avec ses grosses « bagouses » et ses lunettes noires mais c’est juste un art de vivre, le sien, le leur ou le dress code a toute sa place. Ça ne change rien à sa personnalité. Voyez comme il enveloppe chaque morceau, chaque interprétation de sons harmonieux avec toutes ses guitares, voyez comme il s’excuse lorsqu’il les heurte à peine. « Sorry ». Le musicien est un doux tendre, un véritable amoureux du blues.




Tout cela était plein de poésie, dans les paroles comme dans la musique. Ils ont ensoleillé notre route des deux côtés et leur générosité nous les ramenait sur scène pour quelques morceaux encore, en rythme, en claquements de mains et en vocalises
Une très jolie découverte. Je parierais sur le fait que les festivaliers seraient ravis de les re-croiser dans quelques mois ou quelques années.

Pour l’heure La scène se métamorphose, tandis que Greg range méticuleusement son matériel se profile déjà l’ombre des musiciens de la BLUE ROOTS FAMILY. C’est l’entracte, les verres trinquent dans les sourires et les conversations de ceux qui les lèvent.

Mais il est déjà l’heure, la salle s’éteint et c’est l’entrée de la « famille » : David CAYROU (saxo), Mathieu ALLEMANDOU (saxo), Sébastien CASTAGNE (trompette) à peine intimidé par la présence de son prof dans la salle, Thierry OLLE (orgue), Florent HORTAL (guitare) et Pierre COSTES (batterie) et ils ont la banane, ça va swinguer dans la décontraction.







Et c’est parti pour les cuivres. On plonge directement dans les années 40/50... Fats Domino Sonny Rollins, Tina Turner. La fin de soirée sera lumineuse et percutante tant avec la batterie de Pierre que par la belle énergie dégagée par le groupe. Florent, ne quittera pas la veste de son joli costume foncé mais il se déchaine sur sa guitare et produit des solos prodigieux. Les mots me manquent pour vous décrire ce qui se passe sur la scène. Nous sommes dans l’euphorie des belles années et bien vite les mains claquent, les sifflets fusent, les têtes dodelinent.

Puis entre Gead MULHERAN, ça va danser sur scène et dans l’entrée. Are you sure ?
Nous avons des preuves. On connait trop l’âme rock et les déhanchés de cet élégant interprète pour ne pas le parier. Même triste, malheureux et quitté, il danserait et chanterait encore « Stand by me »
Nous avons entendu un Thierry au top de son art, son orgue s’en souvient encore... Les cuivres nous ont éblouis. Merci David, Mathieu et Sébastien, on le voit que cette musique transcende. D’ailleurs, elle influe tellement sur notre comportement que j’en avais un sourire béat toute la soirée. Gead n’a pas fini de nous surprendre. C’est avec beaucoup de courtoisie qu’il présentera Lydie ARBOGAST, qui rentre des Etats Unis pour nous offrir quelques belles mélodies de cette époque là. Elle mettra à l’honneur la sensibilité d’Etta Jones notamment, mais surtout ces deux là nous ferons des duos où le public sera convié. Bref chorale en première partie comme en seconde... Avouez que vous aimez cela.










Incroyable, les surprises n’en finissent pas. Ah ! Ce Gead ! le voilà qui invite sur scène « le maître » de la trompette, Jacques ADAMO.
Qu’en pense Sébastien ? Il semble heureux et tend bien volontiers son instrument à son professeur pour un petit solo délicieux.
Et puis boum ! « Disorder at the Border » ! Que s’est-il passé ? Alors même que la belle équipe était ovationnée, prête à revenir sur scène, le public s’est levé pour quitter la salle, sans doute trop pressé de clore la soirée à la cave à Jazz... C’est que David avait annoncé un « show »d’anthologie avec les « copains »
L’After devait se prolonger jusque 3 - 4 heures du matin...
« Are you Sure » ?

1 Attention l'intitulé "BEDOUNE" n'a pas d'accent aigu sur le E
2 Pour info, il s'agit bien de David CAYROU, chef de la bande de la seconde partie

Toutes les photos sont bien évidemment de Jacques MONTEREAU. Je  n'ose vous dire le nombre de clichés pris durant cette soirée.











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