dimanche 10 décembre 2023

SOLEIL DES TROPIQUES POUR UN BERGER D'ESCARGOTS


« Day-O ! », Ce sont les premières notes musicales lancées des coulisses pour lesquelles la salle réagit immédiatement par cet écho spontané « Day-O » !

Attendez, il y a erreur… Reprenons le programme. Il s’agit bien du dernier concert du festival Jazz à CONILHAC.

« Day-O ! », pour la seconde fois, la voix et l’écho se font entendre, plus forts, plus impatients. Lorsque le troisième écho retentit et que mes neurones se connectent, je comprends : premier jour de décembre et dernier concert. N’est pas artiste qui veut, bien vu… la parabole prend tout son sens : « le dernier sera le premier ». 

Et nos derniers vont nous faire chalouper tout de suite avec le banjo de Louis HUCK - dont nous apprendrons par la suite sa filiation avec Daniel Huck, grand saxophoniste familier de Conilhac et de son festival. Le banjoïste et chanteur entre enfin en scène sur cet air d’Harry Belafonte connu de tous… Jour un !


De son père, il a hérité de l’humour, de la fougue, un sens du rythme évident auxquels il ajoute une véritable aisance lorsqu’il scatte. Trop bien le fiston !

Sa voix haute, généreuse et toute en énergie invite le reste du groupe à le rejoindre… Nous manquions de soleil ces jours derniers, le voilà dans la salle. Ensemble ils termineront ce premier morceau alors même que la salle est conquise.

Voyez l’énoooooorme sax de Vincent BOISSEAU, qui n’est pas le dernier à jouer de la dérision avec : Un sax alto aux notes graves, maîtrisé de la commissure des lèvres jusqu’aux bouts des doigts. Suivra le percussionniste - précisons batteur ce soir - Arnaud LE MEUR qui accompagne avec élégance et sourire ce groupe déterminé à élever plus encore la température. Notre quatrième musicien est trompettiste, c’est Guillaume GARDEY DE SOOS - il vient d’être papa pour la seconde fois d’une petite Aimée, un petit bout de femme de 10 jours à laquelle on envoie le plein de notes cristallines et jazzy en direct de ce concert. Lui il a sensiblement l’âge de ce festival. Et pour Conilhac, il a cette affection particulière qui prend source dans l’accueil réservé à tous les artistes et le retour d’un public qui sait si bien apprécier l’engagement de cette équipe. Et pour tout vous dire, dans la salle il y a son papa et je peux témoigner que c’est un papa fier de son fils. Vive les dynasties.
















Ils enchaineront des standards de Harry Belafonte comme Jamaïca Farewell, de « Duke et Lington », un duo connu précisera avec légèreté Vincent Boisseau en proposant Caravan. De Cuba, la Jamaïque ou la Nouvelle-Orléans, un rhum coca-cola ne sera pas de trop, surtout après un iko iko, qui aurait pu mettre le feu dans la salle. Bref, nous enchainerons béguines, mambos,  calypsos, etc. pour un dépaysement total ! Un lumineux vertige des tropiques avec des sons comme nous les aimons, des voix pures, une générosité musicale toute en rondeur et bonne humeur, une candeur qui fait du bien. 

Nos quatre musiciens chanteurs ont été applaudis par une salle debout et n’ont pas manqué de préciser que ce n’était là que les entrées. La troisième mi-temps à la cave à jazz promet d’être inoubliable. C’est donc sur un Be Happy ourlé par une chorale enthousiaste, qu’ils nous quittaient, non sans quelques autographes et échanges passionnés.

La température doit baisser un peu avant la seconde partie qui s’annonce elle aussi pleine d’énergie avec un harmoniciste de talent, forcément tonique car plus… rock ou blues (vous choisirez) mais aussi prodigue et bienveillant que le Caribbean Society.


Il est temps de regagner sa place… Sur la scène, c’est René GRAUBY qui saisit le micro et qui demande au public une ovation pour ses équipes de bénévoles, car c’est bien la dernière, enfin dans cette salle dédiée au festival - les caves à Jazz reprendront début février. Bravo à eux tous, organisation « sur le fil du rasoir » cette fois encore et dont le coach peut être fier. Connaissez-vous un seul artiste reçu qui puisse dire le contraire ? Que l’on soit chanteur, musicien, festivalier, etc., chacun peut témoigner de son plaisir à y revenir. L’ovation du public est éloquente de sincérité et de reconnaissance. Malgré la fatigue, tout est sourire ici !




A peine ont-ils quitté le devant de la scène, qu’une tornade y arrive. Nico Wayne TOUSSAINT et ses 3 musiciens - Michel FOISON (guitare), Rémi GRANGÉ (basse) et Romain GRATALON (batterie) annoncent d’emblée la couleur. On décolle pour l’Amérique, Memphis, Chicago :  signature « blues/rock » incontestable dans la musique qu’ils vont nous livrer et pas de compromis. Nico Wayne alterne harmonica et voix. Un timbre mélodieux, authentique avec de-ci, de-là un grain à peine heurté à vous donner le frisson et il ne s’épargne pas sur scène. Il s’y raconte entre chaque morceau. L’harmonica reste un choix qui convient à la musique qu’il aime - le blues de Chicago, le rock, le shuffle. Il cite James Cotton, son énergie débordante qui, d’emblée, l’avait conquis et John Campbell, qu’il redécouvrait récemment et dont il nous offrira Burning Light à la guitare. Il évoque aussi ses doutes quant à l'harmonica, parle avec humour de Johnny Halliday, alors que mes pensées se tournaient vers Albert Raisner. Question de générations, sans doute… Notez au passage qu’il était sacré meilleur harmoniciste en 2015 à Memphis sur la plus grande scène de blues au monde. C’est dire l’excellence de ce musicien. Rien que ça, excusez du peu. Et c’est pour nous !

Il a un sens de la scène terriblement « déhanché » pour accompagner son génial « outil de travail », à peine visible mais tellement, tellement présent. Jamais vu cela avant… Ceci n’engage que moi bien évidemment et pourtant j’en ai fait des concerts avec des scènes où il fallait occuper l’espace !!!

Ce soir encore, nous aurons droit à des solos de guitares et de batterie faramineux. Et pourtant Nico avoue aimer l’infidélité musicale, alors même qu’on ressent une belle osmose entre ces 4 là. Son amour du blues et du spectacle vivant allié à son tempérament volcanique gomment toute contrainte. Il s’adapte toujours et partout. Il donne sans retenue avec un plaisir non dissimulé et n’hésite pas à quitter la scène pour aller vers son public, voire même dédicacer un morceau - à la guitare, s’il vous plait - pour l’un de ses amis présent dans la salle ce soir. Une guitare qu’il apprivoisait dernièrement du reste. 

Mais pour chanter un berger d’escargots et une maison en champignon, il fallait bien cet instrument… Cessons les taquineries car c’était exceptionnel d’émotion. Pierre devait se rêver à nouveau jeune marié !

Et puisque nous sommes aux portes de la chapelle, lui évoque celles d’outre-Atlantique, ces « bonnes » églises qu’il fréquente parce que le gospel est un peu sa religion et le blues une profession de foi…

Parlons du répertoire de ce showman et « de la puissance de cette musique » comme il se plait à le dire…  Parlons du BLUES, le sien, qui n’a rien de déprimant au demeurant. Sans doute son côté solaire, radieux, enthousiaste et ses exploits sportifs sur la scène, qui invitent à danser et ils ont été nombreux à ne pas s’en priver. 

Voilà qui résume en quelques mots le plaisir immense que nous avions d’être dans cette salle un 1er décembre avec cette formation attachante, brillante, professionnelle et qui finira à la cave à Jazz, comme elle l’a promis, « histoire d’y mettre un joyeux bazar avec les copains de la première partie »









Bref, nous étions bien loin du cauchemar de Midnight Creeper et à peine triste de clore le festival 2023, qui fut une réussite, en tout point. 

Elle assure cette association avec ses choix pertinents et son accueil 4 étoiles. Une 36ième édition qui a fait carton plein !

Il nous reste les belles photos de Jacques pour le souvenir.











 

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